On additionnera les limites.

ensembles-intersection

Ce matin sur France info j’entendais un débat (c’est à dire un de ce moments où une ou deux personnes du même avis ou presque interviennent pour nous délivrer la bonne parole sur la radio d’état) qui avait pour thème oh combien d’actualité « la liberté d’expression ».
Un intervenant expliqua que, dans nos démocraties occidentales, celle-ci était totale puisqu’elle ne s’arrêtait qu’aux limites considérées légitimement comme des abus.
Il égrena ensuite la liste presque interminable des dits « abus » : le législateur ne pouvait autoriser bien entendu ni les propos diffamatoires, antisémites, racistes, homophobes, discriminants, ni les apologies du terrorisme….ni bien sûr tout ce qui pourrait inciter à la haine.
Les cases « racisme »et « incitation à la haine » étant devenues des cases fourre-tout dans la mesure où toute critique d’une personne un peu plus foncée qu’une autre, que toute moquerie des mœurs non originaires de nos contrées est désormais considérée comme racisme et que tout ce qui procure un certain déplaisir à une catégorie quelconque d’individus est susceptible d’être jugée haineuse, on dirait qu’il ne reste pas grand-chose que l’on puisse dire dans le cadre de notre liberté totale de parole si ce ne sont des mots très gentils sur les uns ou sur les autres, ou des mots très méchants sur certains qui ne seraient pas très gentils….
SI l’on s’intéresse au monde musulman, on pourra se rendre à une évidence : pour eux aussi la liberté de parole est totale. Leur liberté ne s’arrête qu’aux limites considérées comme des abus.
Leur liste des abus est finalement moins longue que la nôtre : le législateur n’autorise aucune critique de la religion musulmane et aucune représentation du prophète, mais les propos racistes, antisémites où homophobes, les incitations à la haine des non musulmans sont tout à fait autorisés.
Chaque société est donc absolument libérale et ne met comme limite à la parole que ce qu’elle ne peut tolérer.
Nous voyons bien que deux cas et seulement deux sont possibles :
Quand ces deux sociétés vivent séparément chacune peut appliquer ses propres règles : avec le grand avantage que les individus déçus par les règles de l’une peuvent s’installer là où les règles leurs conviennent.
Quand ces deux sociétés cohabitent, la seule évolution possible de LA liberté d’expression est celle où les deux façons d’être « libres » se mêlent…en additionnant les listes des abus à la liberté d’expression ne pouvant en aucun cas être tolérées.
L’interdiction de toute critique de l’islam et de toute représentation du prophète est donc la suite logique et absolument inévitable du vivre ensemble de nos sociétés occidentales.
On se » consolera » en pensant que les musulmans apprendront bien vite à ne pas tenir de propos homophobes ni antisémites…
Personnellement j’aurais bien préféré être dans le cas où l’on en cohabite pas…..mais oh mon dieu qu’ai-je dit…j’ai dû franchir une des limites qui légitimement sont une frontière à ma liberté totale d’expression.


36 commentaires on “On additionnera les limites.”

  1. jacquesetienne dit :

    Excellent ! J’allais dire comme d’habitude… Oh, et puis tiens, je le dis tant je souhaite le retour de cette habitude !

    Il y a un cas que l’on n’envisage pas : celle de la TOTALE privation de liberté d’expression. Il faut dire que le cas ne s’est jamais présenté car même sous la pire des dictature il n’est pas interdit (on y est même fortement encouragé à) d’exprimer sa pleine, entière et enthousiaste approbation du régime. La véritable répression de l’expression s’étendrait non pas aux seuls opposants mais au dictateur et à ses partisans eux-mêmes… Le monde du silence, quoi…

  2. Coach Anonyme dit :

    « Dans ces moments où la Nation doit montrer son unité, les propos ou agissements répréhensibles, haineux ou méprisants*, proférés ou commis en raison de l’appartenance à une religion doivent être combattus et poursuivis avec la plus grande vigueur »,
    Christiane Taubira

    * Il nous reste tout de même, les propos autorisés, affectueux et admiratifs.

    • dxdiag2 dit :

      Il nous reste aussi le droit de rire, sous certaines conditions bien entendu faut des limites, de Hollande….et ça, ça prouve carrément qu’on est en démocratie, non ?

  3. Anton dit :

    Mais c’est quand je dois additionner les limites entre « tu ne tueras point » et « vous pouvez écraser les infidèles à l’aide de votre véhicule » que j’arrive pas à trouver de bon résultat.

    On fait quoi alors, avec les chiens d’infidèles? on les snobe, on leur jette un regard torve, on les klaxonne en les traitant de pédés?… et on a le droit de cracher un peu aussi?

    Allez vas-y madame, soyez sympa, filez la soluce! déjà qu’j’suis mové en maths, mais si en plus vous nous embrouillez la tête avec des mots comme « liberté », « légitimement » ou « cohabite »…

    • Coach Berny dit :

      Ben, il y a la rubrique des chiens écrasés pour ça.

    • Anton dit :

      Ils vécurent comme des chiens, puis moururent anonymes.

    • dxdiag2 dit :

      Mais eh oh, j’essaie de trouver des solutions hyperpacifiques citoyennes et tout moi, c’est ça où la guerre civile que personne ne veut à part Zemmour of course.
      Pour vos kouffards écrabouillés j’ai une idée : il faut que les autres n’aient plus envie de les ecraser, qu’ils se tiennent bien à carreau, qu’ils la ferment… qu’ils se convertissent serait idéal. Et en plus au bout d’un moment on aurait la liberté de parole correspondant au monde islamique et tout serait reglé.

  4. jevousarrete dit :

    C’est bon de vous relire.

  5. Pangloss dit :

    « Les cases « racisme et « incitation à la haine ». Tout est dit. Surtout quand on donne sa propre définition à « racisme » et à « haine ».
    A propos de haine, je suis prêt à parier que nombre des gens qui ont appris l’attentat contre Charlie ont éprouvé une certaine haine à l’égard des assassins.

    • dxdiag2 dit :

      C’est vrai : en fait on a finalement le droit de penser, et même de tenir des propos incitant à la haine à condition que ce soit contre les méchants tels que définis par ceux qui disent ce qu’on est autorisé à dire…

  6. leplouc dit :

    De la très bonne pédagogie de l’excellent Dr Dxdiag comme d’hab’ Elle devrait prendre chaque semaine deux heures au tableau des amphis de l’ENA, de l’EHESS, etc. Cours obligatoire et mémoire de fin d’année pour tous ces guignols. On saurait où vont nos impôts.

  7. vryko dit :

    L’essentiel dans la liberté d’expression totate c’est de respecter les valeurs de la république, comme l’on toujours fait les communistes (laicité, droit d’opinion de tout le monde sauf pour les autres, respect de toutes les croyances comme la leur ect…)

    C’est beau le contrat social.

    ‘Fin bon Dixie est revenue, alors…

    YOPUYOUYOUYOUYOUYOU !!!!!!

    • dxdiag2 dit :

      Voir et revoir « la vie des autres » : on n’a rien à envier à feu l’Allemagne de l’est, moins les tortures de la Stasi pour le moment, et plus l’insécurité, pour un bon moment.

  8. fredi maque dit :

    Merci de me rappeler avec le petit schéma qui illustre votre billet qu’aujourd’hui pas plus qu’hier je ne comprends les ensembles et les sous-ensembles.
    Billet fort remarquable au demeurant tout comme le précédent.

  9. Aristide dit :

    Vous n’avez pas perdu la main. C’est bon de vous relire (même si, de mon côté, je suis un peu en train de suivre votre chemin : je n’ai plus guère le temps et le goût des blogs. Mais pour le votre je ferai une exception 😉 )

    • dxdiag2 dit :

      Merci Aristide !
      Je pars 15 jours et je n’aurai qu’une liaison internet très limitée, mais je vais relire vos derniers articles que j’ai enregistré : ils sont vraiment denses et à déguster en prenant son temps.

  10. Ricoxy dit :

     
    Chère Dxdiag²,
     
    Acceptez tout d’abord tous mes vœux pour 2015. Ensuite, je me permettrai un bref rappel historique : selon la légende, l’empereur romain Catilina voulait faire de son cheval Incitatus un sénateur. Mais il y a plus fort : récemment un pays d’Europe, dont je tairai le nom, a naturalisé d’office un singe importé d’Afrique.
     
    On ne peut être que d’accord :cela donne de la dignité humaine à ces braves bêtes.
     

  11. Ricoxy dit :

    Mille excuses, ce n’est pas Catilina, mais Caligula, bien sûr… J’ai un peu forcé sur les grogs au rhum.

  12. carine005 dit :

    Dixie !
    Je t’ai pas vue rentrer, ma copine !
    Bonne année à toi et à tes proches d’abord et avant tout !
    Je suis bien contente de te relire!

  13. blh dit :

    Bonsoir à tous, et bonne et heureuse année 2015 qui s’annonce passionnante.
    Dès que l’on parle de « liberté », quasi toute la planète, et donc nous-mêmes en France, nous la posons en Liberté, unique et référence à toutes choses, symbole républicain qu’il convient de transmettre par tous les moyens aux nations qui en sont dépourvues, autre boussole menant le monde, au même titre que le racisme.
    Tout le drame est la, écrire La Liberté, c’est la préciser, elle, et non aucune autre.et n’en admettre aucune exception – ce qui est pourtant l’A B C de la démonstration en mathématiques -, c’est l’appliquer à chacun, au tout venant d’une discussion, et si, d’aventure, vous refusez ce dictat, vous êtes bons comme la romaine et le rocher de Sisyphe sera votre pain quotidien.
    Alors qu’en distinguant Des libertés, quelles qu’en puissent être l’objet sur lequel elles portent, le décrivent, et peu en importe les réflexions que l’on puisse en tirer, l’essentiel est bien mis à jour: on PEUT discourir, essayer de trouver un consensus sur l’importance, la véracité de cet objet, son utilité…
    Ces libertés sont la réalité permanente de la nature, et non pas une abstraction vide de tout fondement, essentiellement idéologique, fruit des plus amers légué par la Révolution dite Française, premier mot de cette fameuse, et non moins fumeuse, «Déclaration des droits de l’homme », nouvelle religion de l’humanité autour de laquelle tout s’organise en fait et se doit d’être respectée comme étant évident, dogme que l’on ne discute pas..

    Et l’on comprend comment, refusant La liberté de quelques-uns, la kalach a eu raison d’elle.

  14. blh dit :

    Au fait, pour additionner des limites, il eut mieux valut les illustrer par l’union :
    les limites de l’un + les limites de l’autre + les limites communes :

    Comme ça, on est sur, de ne pas en oublier.;)

  15. NOURATIN dit :

    Vous voici donc de retour, alléluia, je vais arroser ça!
    Je constate avec plaisir que vous n’avez pas perdu la main, ces considérations sur notre liberté d’expression que le monde entier nous envie et qui nous autorise si bien à la boucler, sont un petit bijou de rigueur mathématique.
    A bientôt j’espère.
    Amitiés

  16. shalkface dit :

    Puis-je me permettre (s’il existe ?) d’exprimer mon droit d’inexpresion ? Ce serait peut-être la solution pour rester dans le cadre…
    Encore que… exprimer sur CE blog mon inexpression constitue probablement déjà en soi un dépassement des limites légitimes…
    « T’as qu’à voir dans quelle merde on est », comme dit l’autre !


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