Hibernatus et le « foot in the door ».

drive safely

 

Il semble évident que si un homme avait sombré dans le coma dans les années 80 et qu’il en sortait de nos jours, il aurait à faire face à deux choses extrêmement désagréables.
Avoir vieilli de trente ans ( chose déjà peu réjouissante même lorsque l’on a consciemment vécu ces trente années minute après minute)
Constater dans quel état est le pays.

Après avoir pleuré sur son reflet dans la glace de la première salle de bain venue, il hurlerait sans aucun doute de colère et trépignerait en insultant tout le monde :
–  Qui sont les salauds qui ont fait ça  ? (B* de M* ajouterait-il probablement)
Comment, souchiens,   bande d’imbéciles, avez vous pu laisser faire ça ?( P* de B*, ajouterait-il sans doute).

Savoir qui sont exactement les salauds responsables ne me semble pas chose si facile…j’en connais qui pensent avoir la réponse exacte mais depuis Marx et Freud je me méfie des théories complètes qui ont réponse à tout.

Par contre le fait d’essayer de comprendre  pourquoi nous avons laissé faire (et pourquoi certains continuent à vouloir « librement » consentir malgré nos piailleries) , est une activité qui me tente davantage.
C’est en comprenant mieux comment fonctionne le truc du magicien, que nous sommes, je crois, le plus à même de déjouer les tours du prestidigitateur.
Nous avons laissé faire, parce que, bien entendu, tels une grenouille bouillie, nous avons été chauffés de façon progressive ( ce qui n’a pas permis à nos reflexes de fonctionner) et d’autre part car nous avons été  soumis à un véritable lavage de cerveau idéologique.
Toutes les techniques connues de manipulation mentale sont utilisées et concernent à peu près tous les sujets puisqu’il n’est rien que l’on nous dise d’une façon « officielle » qui ne soit une ode au multiculturalisme et au métissage…en dehors bien entendu des propos qui tentent de nous crucifier pour le pêché originel de notre « souchitude ».

Je suis tombée hier sur une petite expérience de psychologie sociale qui m’a parue particulièrement intéressante car j’imagine qu’elle constitue une sorte de base pour notre réflexion.
Il a été démontré, en 1966 (oui il m’a fallu 46 ans pour en entendre parler), par un dénommé Freedman  que le fait de faire accepter une petite chose à quelqu’un multipliait grandement les chances de lui en faire accepter une plus grosse.

 
L’équipe de Freedman a ainsi proposé à 112 californiens de planter dans leur jardin une très grande pancarte sur laquelle était écrit   » roulez prudemment ».
Malgré le fait que cette pancarte enlaidissait considérablement leur maison et en bloquait plus ou moins l’entrée ( une photo présentée en « modèle  » ne laissait aucun doute la dessus) 20 % des gens acceptaient. (les gens sont gentils)
Freedman et ses associés réussirent à augmenter considérablement  ce nombre en présentant leur demande en deux temps, et prouvèrent que le fait d’accepter une tout petite pancarte  » roulez lentement » conduisait plus de la moitié des gens à accepter quelque temps plus tard  l’horrible et énorme panneau.

L’équipe de Freedman a de la même façon réussit à obtenir que plus de la moitié d’un échantillon de 156 femmes au foyer californiennes accepte le fait de  recevoir chez elles une équipe de 5 hommes pendant deux heures (avec l’entière liberté de fouiller leur domicile pour lister la totalité des marques de ce qu’il contenait !!!)…..en leur faisant auparavant accepter simplement de donner par téléphone la liste de leurs marques préférées de savon.

C’est la technique du « foot in the door« .
C’est une technique commerciale mais qui fonctionne en dehors du commerce.
On pourrait la résumer ainsi :

La plupart des gens  n’acceptent pas les choses insupportables
Les gens gentils acceptent ce qui leur parait supportable… et le fait de l’accepter les conduit à accepter ensuite des choses bien  moins acceptables.

Jusqu’à quel point ?

Freedman n’a pas poursuivi son expérience, me semble t-il, mais on peut tout de même imaginer que ses demandes en devenant de plus en plus extravagantes auraient finit par déclencher une révolte chez les sujets de son expérience….qui sait, peut-être auraient-ils fini par  frapper les membres de l’équipe.
Non ?

Et si la pancarte devient très très très grosse ?
Non ?

Et si elle se met à sonner le chant du  muezzin….HEIN ? toujours pas ?